Mardi 30 août
18h
4 rue du Pensionnat Notre Dame de France
- Nous ferons le bilan de nos actions réalisées en 2021-2022.
- Nous ferons le point sur l’ensemble des projets en cours et en particulier nous préparerons la venue de Stéphane Linou, pionnier du mouvement locavore et spécialiste des questions de sécurité liées à l’approvisionnement alimentaire.
- Nous serons à l’écoute de toute action que les membres souhaiteraient mettre en place dans le cadre que s’est donné l’association
Mais au fait, pourquoi on fait tout ça ?
Une menace sur notre approvisionnement alimentaire ?
Cet été, il n’échappe à personne que les conditions météorologiques sont catastrophiques pour la production agricole française. Les médias et Météo France parlent de sécheresse historique, pire que celle de 1976 qui avait durablement marqué les esprits. Manque de fourrage pour les bêtes – déjà de retour à l’étable faute de pouvoir se nourrir au pré – baisse de la
production de lait, réduction des cheptels, pommes de terre plus petites, maïs en souffrance, sans compter les épisodes de grêle… Notre département de moyenne montagne n’est pas spécialement épargné. Localement, le journal l’Eveil titrait récemment : « Les récoltes sont dérisoires en Haute-Loire ». Or, un tel été n’aura bientôt plus rien d’exceptionnel, et pourrait bien devenir la nouvelle norme en raison du dérèglement climatique causé par les activités humaines, ainsi que le démontrent année après année les rapports du GIEC.
Si l’on tient compte aussi de la perte de la biodiversité, affectant notamment les pollinisateurs, si on y additionne la hausse des prix de l’énergie et celle des prix des intrants, il faut se rendre à l’évidence : la production agricole est fragilisée. Et la sécheresse peut aussi affecter les échanges commerciaux, réduisant par exemple la navigabilité des fleuves .
À ces données matérielles s’ajoute un contexte politique international plus qu’incertain, avec la guerre en Ukraine, qui fait craindre des famines dans les pays gros importateurs de blé. Cet été, l’ONU a réussi à négocier que les exportations de céréales redémarrent, créant une lueur d’espoir, selon les mots d’Antonio Gutteres. Mais ce contexte doit nécessairement nous pousser à la réflexion : sommes-nous à l’abri de pénuries alimentaires de grande ampleur, si certains échanges commerciaux sont suspendus, si certains pays sont plongés dans une insécurité alimentaire durable ?
La lucidité oblige à remettre en question la certitude, acquise depuis la révolution verte, qui voudrait que la quantité de nourriture ne soit plus jamais un problème.
Quelles pistes pour agir localement ?
Bien sûr, les élus locaux, les simples citoyens, n’ont pas de prise directe sur la météo ou sur la politique internationale. Toutefois, ils ne sont pas non plus réduits à l’impuissance.
La première chose à faire : mettre le problème sur la table. Le sujet peut légitimement être abordé en conseil municipal, dans le cadre des PAT (Projet Alimentaires Territoriaux) – la Haute-Loire en compte deux – ou au cours d’événements ponctuels, comme des festivals, des foires… C’est ce à quoi s’emploie l’association Les Résiliacteurs43.
Très concrètement, pour parer au plus pressé et faire face à l’urgence, les communes peuvent inscrire le risque de rupture d’approvisionnement alimentaire dans leur PCS (Plan Communal de Sauvegarde), qui est ensuite présenté à la population sous la forme du DICRIM (Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs). Dans notre département, Lapte et Saint-Germain Laprade ont dores et déjà entamé la rédaction d’un PCS incluant ce risque. Prévoir un stock alimentaire municipal (par exemple un stock roulant lié au restaurant scolaire), organiser le fonctionnement des commerces en cas de suspension de livraison, repérer les personnes en difficulté, indiquer à la population comment se préparer… Voici quelques pistes à creuser.
Bien évidemment, répondre à une situation d’urgence ne remplace pas une politique alimentaire visant à construire la résilience du territoire. (On entend par résilience le capacité à faire face à un choc et à s’en remettre.) Pour y parvenir, la réflexion sur la transmission et la préservation du foncier agricole, sur les modes de production, doit être menée conjointement par les élus, les agriculteurs, les consommateurs.
Ne le négligeons pas : consommer local est le premier levier, accessible au plus grand nombre, pour pérenniser la production locale. Une commande publique centrée sur le local est aussi l’assurance de faire perdurer les filières existantes.